Quand L’art Vit En Jean Wilder Pierresaint

Le Graffiti est transgressif dans tous les pays du monde et Haïti n’en est pas exempt. En effet, ce dernier n’est pas toujours vu d’un bon œil. Chez nous, il est plutôt considéré comme un acte de vandalisme, un crime contre les biens publics et privés. Pourtant, certains se battent pour que nous voyons, dans ces nuances de couleurs et de formes, un art, une expression, une réalité et parfois un rêve. Le graffiti est pour les graffeurs la meilleure façon de s’exprimer, de faire valoir leur créativité, de se laisser aller à l’imaginaire. Le graffiti, c’est tout un monde pour eux. Un monde très peu connu de la population haïtienne. C’est dans cette optique que l’initiateur du festival Art Street en Haïti, Jean Wilder Pierresaint nous en apprend un peu plus sur lui et sa passion.

Ayant fait des études en gestion du marketing à l’Université Quisqueya, il travaille à la bibliothèque Monique Calixte. Autodidacte, surtout dans le domaine de la culture, il a fait un stage à Paris en financement et économie de la culture. Désireux d’avoir plus de compétence dans le domaine, il a postulé pour une formation en France sur la culture et l’art de l’espace public qui aura lieu en octobre prochain. Animateur de radio à une certaine époque, il animait Résonnance sur Vision 2000, une émission sur les musiques traditionnelles et le Jazz.  Co-fondateur d’Akoustik Prod, il se consacre désormais au street art et sur des projets y relatifs comme «  Haïti Talents Awards » par le biais duquel il compte récompenser les artistes dans les domaines du design et de l’art contemporain.

L’idée de mettre sur pied un festival d’art urbain en Haïti lui est venu en constatant le nombre de gens qui s’intéressait à un portrait de la grande dame de la danse haïtienne Viviane Gauthier, que l’un des graffeurs haïtien connu sous le nom d’Assaf – de son vrai nom Elysée Hamson – esquissait sur un mur. C’était pour lui un potentiel marché et s’est mis à travailler sur son projet. Nous sommes en 2014. Un an plus tard, le premier festival Art Street prenait naissance en Haïti avec Olivier Ganthier qui est, selon  monsieur Pierresaint, le lanceur phare du festival qui a eu pour thème « Engagement et citoyenneté ». Cette initiative a été bien accueillie par la population, heureuse de pouvoir constater le côté artistique du graffiti.

Aujourd’hui, Jean Wilder Pierresaint fait partie d’une structure qu’il a lui-même créée, appelé Kolektif Basquiat, fondée en juillet 2015 qui regroupe des jeunes Street-artistes haïtiens. Le Kolektif porte ce nom en hommage au célèbre artiste haitiano-américain Jean-Michel, qui lui-même a été un graffeur. Il nous confie que celui-ci lui a valu le fait d’avoir été invité au festival Art Street de la Guadeloupe où il a fait la rencontre d’autres personnalités impliquées dans le domaine et, à travers ses lectures, a appris à connaitre d’autres graffeurs venant de pays comme la Russie, l’Espagne, l’Australie, la France, l’Allemagne et qui aujourd’hui, collaborent avec lui.

Ce voyage, mentionne-t-il, lui a appris beaucoup de choses, a fait naitre en lui de nouvelles idées et développer encore plus cet amour de la culture. Vous avez sans doute déjà entendu parler du «jeudi de l’art contemporain », non? Ce mouvement culturel où le dernier jeudi de tous les mois est réservé  à la rencontre des acteurs et amants de la culture pour discuter de leur passion mais aussi promouvoir les jeunes talents afin de leur donner plus de visibilité. Eh bien, c’est également une initiative de cet homme plein de fougue, débordant d’imagination et plein de passion qu’est Jean Wilder Pierresaint.

Quant au festival art street 2018 qui a commencé le 12 Septembre, le thème retenu est « Réinventer l’espace public ». L’objectif : donner la possibilité à chacun d’avoir sa place dans l’espace public par le biais du Street art. L’espace public n’appartient pas à quelqu’un ou à un groupe de personne nous explique Monsieur Pierresaint, mais il appartient à tous. C’est un bien commun. De même, le street art, ce n’est pas seulement du graffiti, il y a le mobilier et l’aménagement urbain. C’est tout un art au fait. Grâce à la Culture, je ne suis jamais pessimiste, continue-t-il. Mobiliser toute son énergie à la réalisation de ce qui compte le plus pour lui, tel est son crédo. A la jeunesse, il recommande « d’être curieux et savoir identifier la magie et la créativité qui se cache en vous, pour qu’une fois trouvées, vous la travaillez, l’arrosez et arrivez à faire l’impact qu’il faut. »