Entre Poésie, Peinture Et Vidéographie : Johny Désir Raconte Son Histoire

Je suis au bord de mes 29 ans. Je fais vieux jeu, mais bon ! Mes études classiques, je les ai faites au Collège Martin Luther King au Cap (CMLK). Actuel PDG de « Hit-Master production », je porte aussi les étiquettes de vidéaste et photographe. En plus d’être consultant à la Selecte et HPVS, deux studios-photos à Cap-Haitien, je travaille pour différents organismes nationaux (Atelier soleil, CAEC, Entre Les Pages) et internationaux comme Oxfam et USAID. En 3ème année en Sciences Administratives à l’Université Notre Dame d’Haïti(UNDH), mais ma passion reste et demeure la vidéographie.

La photographie et l’art

Je suis surtout connu pour un passionné de l’art, pas sans raison que je collabore avec l’Atelier soleil qui œuvre dans le théâtre pas en tant qu’acteur bien sûr mais responsable d’images. J’ai fait de la poésie à une certaine époque. A l’école, j’étais un rat de bibliothèque. Je prenais plaisir à lire des encyclopédies, les dictionnaires. Je souhaitais aussi faire de la peinture, malheureusement, avant de devenir photographe. J’allais passer 6 mois à apprendre les rudiments de la photographie à Digital photo School en 2013. J’ai eu pour guide Patrick Gérôme. Pour dire vrai, je ne suis qu’un autodidacte dans la majeure partie du temps, des cours en ligne par-ci, des essais personnels par-là. Ma première réalisation date de 2009 avec de grandes difficultés. C’a été un échec pour moi par rapport à mes attentes, mais bizarrement (rire) le public a apprécié, et qui pis est, ce fut la première fois que j’allais manœuvrer une camera professionnelle du type « Cam-Corder 3ccd ». Je réalisais une vidéo pour le groupe musical Tripperz Click, très connu à l’époque. Pour mes photos, j’ai eu de meilleurs feedback.

Mon début était vraiment difficile, pénible si vous voulez. J’ai connu surtout un moment d’ombre et sombre. Je travaillais dans une condition précaire, muni d’un ordinateur de bureau déficient, il fallait attendre plus de deux minutes pour obtenir le résultat d’un clic (rire).

La standardisation

Honnêtement, je n’ai pas eu de modèle au début mais je prenais le travail des Français pour référence car leurs vidéos étaient simples, pratiques par rapport au style américain qui nécessitait un studio (à l’époque), priorisait la mise en scène et le jeu d’acteurs. Pour travailler, j’étais obligé de louer les matériels ; je bricolais quelques lumières nécessairement pas recommandées pour l’éclairage. J’ai eu ma première camera Canon EOS Rebel t3i, en 2012. Mais je crois que les plus grands atouts pour ma carrière ont été la discipline que je m’ « infligeais », mon intelligence et le travail de qualité, une exigence que je me fais encore. Je fais de mon mieux pour honorer les contrats et donner une image standard.

Parlant de standardisation, j’ai alors décidé de lancer Hit Master production en 2012. J’ai aussi reçu l’aide provenant de pas mal d’amis de Tripperz Click et HM Production devient maintenant une vision qui est en train de s’accomplir. On avait aussi une carence, qualité d’images débiles et une piètre représentation à l’échelle nationale et internationale. J’ai voulu projeter une autre image de Cap-Haitien—de l’Entertainment (Cinéma-production d’artistes) et autres—et d’offrir les mêmes services qu’ailleurs.

De nos jours, il est vrai que la photographie prend une ampleur considérable en Haïti, notamment chez les jeunes, comment je vois cela ? J’ai 2 points de vue. D’abord, grace à la numérisation de la photographie, il est plus facile de se faire prendre en photos. On a désormais un réel focus sur la photographie et son importance, le photographe peut vivre de ses moyens. Par ailleurs, ceci cause un déficit sur le marché. Par rapport au prix de standardisation et de la qualité des images.

Ce que réserve l’avenir

Jhony dans 10 ans, vous vous voyez comment ? Je me vois posséder un studio standard de cinématographie. J’ai d’autres activités en cours. Je pense lancer un atelier sur jeu d’acteurs de concert avec l’Atelier soleil pour la réalisation d’un film. On aura avec nous le formateur : Brunatche Zephyr (responsable de mise en scène à HMP)

Bref, j’ai des précieux conseils pour les jeunes. Pour évoluer dans ce domaine il faut être sérieux, avoir le sens de gestion, garder toujours à l’idée de satisfaire le client. N’arrêtez jamais d’innover car ce qui n’évolue pas est appelé à disparaitre. Ne pas se contenter de ce qu’on sait. Il faut voir plus loin, toujours avoir l’envie d’élargir son champ de connaissance.