Louinord Innocent, L’espoir d’Haïti En Matière De Technologie

Louinord Innocent et son équipe sont sortis 3ème gagnants d’un Hackaton organisé par Google-Haïti et Banj. Plus d’une quarantaine d’équipes ont postulé, dix seulement ont été retenues et celle de Louinord figure parmi les meilleures. Il fallait présenter une application capable d’assurer 10.000 emplois d’ici 2021. Sachez cher-es lecteurs et lectrices que Louinord a la technologie dans le sang. Membre du Centre d’Appui à l’Education à la Citoyenneté (CAEC), l’engagement communautaire est une autre corde à son arc.

Il est aussi fils de la cité christophienne, une autre étiquette qu’il porte. Il a laissé sa ville natale en direction de Port-au- prince après ses études classiques pour une nouvelle aventure on ne peut plus passionnante et prometteuse à l’université INUKA: L’informatique. Il a ensuite obtenu un master en génie logiciel grâce à un partenariat entre l’université de Québec à Montréal et l’université Inuka. Pour l’instant, il travaille comme analyste programmeur à Connexus-Group qui est une firme spécialisée dans le développement de solutions informatiques et a déjà développé plusieurs applications.

Louinord et son amour pour la technologie

Mon amour pour la technologie remonte à mon plus bas âge, car depuis les classes élémentaires j’arrivais déjà à comprendre le fonctionnement d’un appareil dès que je le touchais. Je me rappelle comme si c’était hier. Moi et mes deux cousins (Voldy et Jeffry), on  fabriquait tout le temps des petites maisons, des voitures en carton, le genre de distraction des gamins, mais toujours au moment où l’on devrait ajouter une touche technologique à nos projets, j’étais le premier à le faire. Aucune limite à mon imagination. Cela pour dire comment l’amour pour cette science débutait.

Arrivé au Collège Martin Luther King (Cap-Haitien) dès que le professeur d’informatique nous donnait des devoirs, j’étais le premier à remettre et je me portais volontaire à aider d’autres camarades. Cependant, jusqu’à la classe de philo, cela ne m’empêchait pas de divaguer lorsqu’il fallait opter pour une carrière. Je pense que c’est à cause d’un système éducatif défaillant. Tantôt le génie civil me passait par la tête, tantôt les sciences informatiques. Mon choix s’est arrêté sur le second grâce à un test d’aptitude et tout cela m’a permis aujourd’hui de devenir l’ingénieur que je suis.

Parlez nous de votre projet que vous et votre équipe avez présenté ?

Konekte est une plateforme permettant de relier les personnes à la recherche d’emploi avec les entreprises. C’est aussi un espace permettant aux entrepreneurs de vendre leurs projets aux fins d’attirer de potentiels investisseurs. D’une pierre deux coups. La plateforme, non seulement elle consiste en la recherche d’emploi, mais tout aussi elle permet de les créer. A l’heure actuelle, Haïti se trouve très éloigné sur la scène technologique. Il serait tout à fait normal pour l’Etat haïtien d’investir dans les nouvelles technologies ceci sur tous les plans car aujourd’hui il n’existe pas de développement en dehors de la technologie.

Haïti et la technologie

Haïti arrive en arrière plan dans le monde de la technologie comme je disais tantôt. Tout cela, à cause d’un système défaillant, un état dysfonctionnel qui ne peut arriver à attirer des investisseurs étrangers pour le développement du pays. Les ressources sont là. Ils n’ont besoin que d’accompagnement. Mais, une lueur d’espoir surgit. Je le réalise après avoir participé à ce concours. Dix équipes ont été sélectionnées pour la phase finale, vous savez et je les considère toutes comme championnes. La raison, toutes, elles apportaient des idées différentes l’une de l’autre, capables de résoudre un problème. Cela pour dire que je vois mon pays un jour au devant de la scène technologique.

La technologie et l’entrepreneuriat en Haïti ?

Un bon entrepreneur doit maîtriser son domaine d’affaire, il doit cibler ses clients, savoir quels produits ou services qui lui seront le plus rentables. Il doit avoir toutes informations pouvant porter atteintes à son chiffre d’affaire au bon moment. Pour ce faire, il doit y avoir un système d’information efficace. La technologie est à un entrepreneur ce qu’une arme est à un soldat. Un soldat peut se défendre à main nue, mais il le fera mieux avec une arme.

Quelles ont été vos plus grandes difficultés rencontrées sur votre parcours ?

Des difficultés, elles étaient nombreuses. Plus grande et inacceptable jusqu’à aujourd’hui, fut le Black Out. On assiste encore à une préférence des systèmes informatiques étrangers de la part des entreprises nationales que ceux réalisés par des ingénieurs haïtiens. Très souvent elles les payent à des prix exorbitants. Je pense tout simplement que cela s’explique par un manque de confiance. Voyez-vous, j’ai passé sept mois à développer une application permettant la gestion de stock, la vente de produits et la rédaction de rapport pour restaurant. Je la présente à pas mal de restaurants mais ils préfèrent utiliser Quickbooks. Pour vous montrer à quel point ils n’ont pas confiance dans le travail des haïtiens. Et je pense il y va de même pour bien d’autres carrières.

Que diriez-vous pour motiver un jeune de nos jours ?

Je dirais aux jeunes de ne jamais abandonner. Quoi que vous fassiez, faites le avec passion et surtout faites le bien. L’avenir d’Haïti, c’est à nous de le construire.