Niou Fashion: La Mode Sensationnelle De Norline Bazelais Ibraïme, La Fascination D’un Art
Dans la course de la vie, il y a des gens qui restent en chemin, se laissant spolier de leurs forces en cédant au découragement quand surviennent les difficultés. Mais il existe aussi ceux qui savent transformer leurs obstacles en des merveilles par leur énergie, leur consistance, leur ardent désir de grandir, leur refus d’accepter la fatalité. Ils sont, pour certains, plus connus que d’autres. Moi j’en connais beaucoup. Mais si j’avais à en vanter les mérites, la première sur mon répertoire serait cette jeune femme de 30 ans dont le récit éblouit par sa particularité : Norline Bazelais Ibraïme dit Niou. Portant sa marque et son originalité, Niou Fashion, consacrée officiellement le 2 septembre 2014, habille pour toute occasion, homme, femme et enfant de pied en cap. Elle s’identifie aux tissus Afro et Carabella, aux couleurs et à la gaieté.
Née à Port-au-Prince, journaliste, normalienne, designer, chef de cuisine et directrice d’école, Norline est mariée à Jeff Ibraïme et mère d’une jolie fillette de 3 ans. Elle détient la mode dans le sang. Déjà toute petite, elle employait son inventivité à restyler ses vêtements. Et quand amour et stylisme s’associèrent, vers la fin de leurs études scolaires, Jeff et elle s’étaient mis à confectionner leurs propres vêtements.
Concevoir Niou Fashion lui parvient d’une circonstance que d’autres diraient assez complexe. Mais pour elle, c’était un seuil menant vers de nouveaux horizons. Imaginez-vous ce scenario. Vous venez tout juste de vous marier, votre mari, psychologue, ne travaille pas encore. Vous travaillez pour un salaire de 5 000 gourdes, ayant à charge vos frères et sœurs, et maintenant votre jeune couple. Économiquement, votre situation est précaire. Vous vous demandez ce que vous allez bien faire pour subvenir à vos besoins.
Mais elle avait un atout : elle est curieuse et perspicace, apprend très vite, et sait identifier et exploiter ses ressources. Observant un ami faire de la peinture sur des maillots, c’est alors qu’elle investit 1000 gourdes de son salaire en achetant une douzaine de teeshirts blancs qu’elle va dessiner avec toute sa finesse. Bien que son mari et elle n’aient pas pu les vendre au centre-ville parce que le logo de Nike ou celui de Louis Vuitton n’y étaient pas inscrits. Elle ne s’est pas découragée car elle tenait à sa créativité. Elle ouvre par la suite un compte Facebook où elle publie les photos. Et hop! Ça marche ! Toujours de par sa curiosité, elle apprend à faire du macramé. Elle ne veut pas se borner aux teeshirts. Très vite, on lui fait des commandes de sandales, bourses, boucles d’oreilles… Le jeune couple se décida alors à créer son entreprise de collection de mode qui a fait du bon chemin depuis tout ce périple.
Quelles sont les obstacles rencontrés jusqu’ici ? Une réponse assez surprenante : « Il est toujours difficile pour moi de parler de négativité parce que je ne m’y concentre pas. Je me concentre tellement sur la positivité que j’oublie tout ce qui est négatif. Cette attitude me fait toujours jouir du succès. » Toutefois, elle confie que le marché des matières premières n’est pas trop large, ce qui rend difficile de les acquérir. Mais cela ne peut pas arrêter la course de cette entrepreneure née, car dit-elle : « Dès que je me lance dans une affaire, je me lance à fond et je me donne toute entière. Je consacre toute ma vie à Niou Fashion. On dirait qu’on est indivisible. Je suis une femme multitâche, je travaille avec amour, dévouement, énergie, rapidité, organisation et planification. Je sais très bien gérer mon temps. Ces principes nous permettent de livrer les commandes à temps et de protéger notre santé. »
Quoique sa localisation soit intérieure, les réseaux sociaux lui confèrent une large clientèle. Niou travaille avec tant de soin que ses créations sont quelquefois confondues aux produits exotiques. Elle sait fidéliser ses clients grâce à sa convivialité, son sérieux, son strict respect du temps et de la qualité. Des fois, ceux-ci deviennent des amis et l’en référencent à d’autres. Des emplois saisonniers sont offerts mais la majeure partie du temps, elle travaille de concert avec son mari. Leur fille, elle aussi, commence à faire ses preuves avec des bracelets et des cocardes. Ils n’ont qu’une ambition : élever Niou Fashion à un niveau international, au même rang que les marques de grandes renommées.
Désirant partager leur savoir avec d’autres jeunes, ils lancent le projet Creativ’Art, une page Facebook et un livret expliquant les démarches pour la réalisation de bourses, bracelets, et autres. « Haiti est un pays qui nécessite des capacités techniques. Les jeunes se créeront un mal s’ils veulent passer leur vie à travailler pour le compte de quelqu’un. Ils doivent cultiver l’esprit entrepreneurial. » Elle renchérit : « Tout ce que vous faites, faites-le avec principe, sérieux et discipline. Ayez du respect pour vous-mêmes, et bannissez le ‘’sa ka pase’’. »
S’il fallait résumer la vie de Niou en quelque mots, ce serait quoi ? « Progrès continu, énergie pour accéder davantage au summum. » Norline est cet exemple de femme intrépide et passionnée, qui montre comment on peut arriver au meilleur à partir de très peu. Cette jeune femme qui dévoile à la jeunesse haïtienne la voie du succès noble, de la volonté et du progrès.