Quand La Nature Dit OUI Pour WEISS
« Et l’équipe gagnante qui représentera Haïti à Londres dans la troisième phase du Hult Prize est…. L’équipe WEISS. Sous vos applaudissements s’il vous plait… »
Oui, le 5 mai 2018 les juges proclamèrent le gagnant du Hult Prize National, l’équipe WEISS qui a su les convaincre par leur projet tout à fait en accord avec les différents critères qui avaient été fixés. Charles-Etzer Louis, l’un des gagnants de l’équipe, nous en raconte un peu plus.
Petit retour en arrière. En 2010, Ahmed Ashkar et Bertil Hult ont créé le Hult Prize qui est un concours organisé tous les ans dont le but est de rassembler les idées des étudiants sur un sujet donné qui fait l’objet d’un problème social pressant avec comme prime un million de dollars américain. En 2017, Mike Bellot, jeune Haïtien PDG de Solo Bag, ayant lui-même participé au concours en 2016 alors qu’il était étudiant au Taiwan, l’introduisit en Haïti pour la première fois. Neuf Universités prirent part au concours, dont l’Université d’Etat d’Haïti à travers ses onze entités étendues dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.
C’est justement dans cette université qu’ont émané nos gagnants : Charles-Etzer Louis, étudiant finissant en sciences comptables, Paul Obed Dumersaint, étudiant mémorant en agronomie, capitaine de l’équipe et Mackenson Cinéus, étudiant finissant en gestion des affaires et poursuivant parallèlement ses études en sciences économiques. Leur amour commun pour l’entreprenariat a rapproché ces trois jeunes hommes. Le thème qui avait été retenue pour cette huitième édition du concours – l’énergie – s’alignait bien avec un ensemble de projets auxquels ils s’intéressaient déjà. Ils ont donc manifesté la volonté de participer au Hult Prize dont on parlait tant dans la capitale. Confiants, ils se mirent en quête d’une idée, une solution à apporter à l’ un des différents problèmes que confronte notre société.
WEISS, tel fut le nom choisi pour le groupe. Dérivé d’un mot allemand qui signifie sage, ils en firent en acronyme anglais : « We Integrate Sustainable Solution » pour mieux décrire leur projet. En effet, « nous voulions proposer des solutions sages, des solutions qui cadrent bien avec les objectifs de développement durable à atteindre » nous expliqua Etzer. Des dix-sept objectifs de développement durables fixés par le PNUD, WEISS, par son projet, en encadre onze. Inutile de vous dire l’ampleur de ce dernier.
De l’inscription de l’équipe jusqu’au jour-J de la première phase qui eut lieu en décembre 2017, ils ont été confiants, sûr de remporter cette première manche. Cependant, Weiss ne fut pas l’équipe à avoir été sélectionnée pour participer à la deuxième phase aux Etats-Unis. Démoralisés, ils le furent, comme tout être humain qui essuie un échec, mais ce ne fut que de courte durée. La lumière jaillit de nouveau au sein du trio qui vit leur motivation quadrupler. Prêts à tout pour saisir cette dernière chance et faire la fierté de leur pays, ils renforcèrent alors leur projet.
Les nuits se succédaient toutes aussi blanches, les unes que les autres nous confia Etzer. Les journées n‘étaient pas toujours roses non plus. D’ailleurs, il parait que même le soleil bouda les voyant se lever toujours avant lui, tant la force de leur motivation ne demandait qu’à briller un peu plus. Oui, il fallait qu’ils y arrivent. Bien que difficile, ils durent contacter pas mal de personnes plus expérimentées qu’eux dans le domaine, demandant des conseils, s’exerçant devant des hommes et des femmes d’affaires capables de relever les failles qui pourraient être un obstacle et donnant le meilleur d’eux même, sans oublier les énormes sacrifices qui ont du être consentis.
« L’émotion peut s’avérer être une arme importante lorsqu’on sait comment l’utiliser » nous apprit Etzer. Tout au long de leur préparation, ils visualisaient le moment où on leur proclamerait gagnant. Bill Clinton et son chèque ont même traversé leur esprit. Tant d’énergie et de pensées positives étaient nourries afin de garder le niveau de motivation indispensable. Et tout ceci ne fut pas vain. Ils sont actuellement à Londres pour participer à la phase d’incubation de six semaines. Ils y trouveront l’encadrement nécessaire pour raffiner, mieux évaluer et réaliser leur projet, de même pour les 44 autres équipes venant de pays différents. Et pendant qu’on y est, savez-vous sur quoi porte-t-il, ce projet à l’avenir prometteur?
Les déchets sont un peu partout éparpillés dans les rues de Port-au-Prince. Ce n’est un secret pour personne. Aussi, la coupe accrue des arbres destinée principalement aux utilisations domestiques, est un fléau majeur – 40 millions par an – qui chaque année, lors des intempéries, notamment les cyclones, causent de nombreux dégâts. Pour pallier à ces situations de manière simultanée, WEISS propose comme solution d’harmoniser les communautés et l’environnement en utilisant les déchets en les transformant à travers des centres destinés à cet effet, en biométhane et en biofertilisant. Le biométhane, selon le champion, est un gaz qui pourra être compressé dans des bonbonnes et être utilisé dans les ménages comme source d’énergie pour la cuisson. Le biofertilisant quant à lui, sera mis dans des sacs et aura pour seul objectif d’abonder nos terres afin de les rendre plus fertiles et du coup, augmenter la production nationale. Une pierre deux coups: tel est le résultat de nos génies nationaux.
« Nous sommes déjà à la moitié du chemin. Ce que nous voulons par-dessus tout, c’est donner le meilleur de nous-mêmes, faire la fierté de notre famille, de notre pays » nous confia Etzer. Il continua pour dire que c’est le moment idéal pour eux de vendre une autre image d’Haïti à l’international, montrer que ce qu’ils écoutent ou voient dans les médias ne résume pas le peuple Haïtien, bien au contraire, c’est un peuple infatigable lorsqu’il veut réussir.
À tous ceux qui avaient eu le cran de participer au concours mais qui n’ont pas pu arriver aussi loin, Ezer trouve qu’il est important de ne pas se considérer comme un perdant. « On est jamais totalement perdant, dit-il, on gagne quelque chose d’une manière ou d’une autre, ne serait-ce qu’en maturité. Avoir osé participer dans un concours d’une telle envergure est déjà un grand pas. Ce qui reste important c’est de ne pas laisser cette idée au fond des tiroirs, mais de continuer à puiser, chercher et continuer. Et vous qui auriez envie de participer au Hult Prize 2019, osez ! C’est le message que je vous donnerais»
Certes, le stress est au rendez-vous. Lorsque l’on a le souci de bien faire, ce monstre émotionnel ne vous rate pas. Cependant, notre trio reste confiant, ils iront jusqu’au bout et comptent bien gagner la troisième phase afin d’aller vider le paquet le 15 septembre au Nations Unies pour la dernière manche.
WEISS, sachez que nous en Haïti, sommes fiers de vous, et sommes persuadés que vous êtes destinés à briller encore plus que vous ne le faites déjà. Partez confiants et rapporter la victoire. Je dirais que le meilleur gagne mais, vous êtes les meilleurs !