Symposium Annuel De La Santé : L’ébauche D’une Jeunesse Engagée Pour Un Système De Santé Inclusif
Les séquelles de notre système de santé bancal se font retentir partout en Haïti et ailleurs. Qui n’a jamais été confronté, dans un établissement de santé public ou privé, à des scénarios tels :
« Nous n’avons plus de places ici madame. Amenez donc votre malade ailleurs » ou encore « Nous aurions bien pu vous aider monsieur, mais nous n’avons pas de Kit d’urgence ici ».
Allant de l’indisponibilité du personnel médical, passant par leur faible niveau de formation pour aboutir à la pénurie d’infrastructures sanitaires, les maux sont multiples. Si pour l’Etat haïtien cette conjoncture semble négligeable, sans trop grande importance, elle ne l’est pas néanmoins pour le Gouvernement Jeunesse d’Haïti (GJH). Il est une initiative composée de 23 jeunes dynamiques dont 21 ministres, 1 premier ministre et 1 président, coiffée par l’Association des Volontaires pour le Développement (AVD) créée le 24 janvier 2005 dont la mission est de travailler dans le sens du plein épanouissement des jeunes à des fins de leadership, de patriotisme, de citoyenneté démocratique, de solidarité et pour arriver à une Haïti digne des Jeunes.
Aussi, préoccupés par les défis de la santé, une plaie contuse qui ronge la société haïtienne, la jeune ministre de la santé du GJH, Stéphania Charnotte Dugazon, étudiante en médecine, de concert avec la jeune première ministre, Pierrie Ganaelle Toussaint, étudiante en relations internationales, avec l’appui du jeune ambassadeur auprès des Nations Unies, Sébastian Léveque, ont organisé les 10 au 12 mai dernier, la première édition du Symposium annuel de la Santé autour du thème : « Technologie, médecine moderne et médecine traditionnelle à la croisée des chemins. Comment la jeunesse haïtienne peut-elle s’impliquer pour un système de santé inclusif et équitable pour tous ? »
Rempli d’un public avide de science ainsi que diverses personnalités des universités publiques et du Ministère de la Santé publique et de la Population, le Ciné Triomphe, hôte de cet événement unique, resplendissait de milles couleurs quand la première journée a débuté sous les auspices du Docteur Suréna, implorant instamment le Seigneur d’accorder à chaque citoyen haïtien la paix, la paix avec soi-même, la force pour le combat en faveur du développement et la sagesse pour tolérer l’autre, l’écouter même quand on ne serait pas de son avis. Venait ensuite le tour de Monsieur Honorat, à qui il incombait de faire découvrir l’AVD à l’assistance. Il martèle, on ne peut plus fier de ces jeunes: « Les jeunes doivent jouer un rôle catalyseur pour développer le pays…ils représentent ainsi une force par leur savoir-faire… »
Suivirent les discours des jeunes ministres de la santé et première ministre qui ont déclaré ouvert le programme. Stéphania C. Dugazon, arborant une altière et poétique silhouette, expose le Symposium comme un « Référendum de la jeunesse et de la profession médicale. » Ses propos résonnent tel un écho: « Il est une urgence de l’heure de contrôler une hémorragie qui a trop de fois laminé la jeunesse d’Haïti… A la jeunesse est la parole car l’avenir c’est maintenant… Il importe de responsabiliser le médecin face au patient, le patient face au médecin et le patient face à lui-même… Créer un système de santé qui valorise l’humain en chaque médecin, pour être des vendeurs d’espoirs… Avant d’être médecin, infirmière, biologiste, assurez-vous d’être humain car c’est l’essence de toute chose. »
Pierrie G. Toussaint, quant à elle, aussi intrépide qu’engagée, souligne : « Le Symposium annuel de la santé se donne d’informer sur la nécessité d’un renouveau dans le secteur médical… Personne n’a fait l’histoire en restant passif, personne n’a changé son histoire par l’indécision… Haïti est un pays à reconstruire irrémédiablement et une construction qui doit passer par la jeunesse… Il nous faut vivre notre histoire ou la subir. »
Les conférences ont été entamées avec le Dr. Deslouches qui étalait un bilan du système de santé haïtien. Seulement 6% du budget national est alloué à la santé ; sur 8 projets de lois déposés au parlement, 1 seul est voté ; 10.47 personnel médical pour chaque 10 000 hab.; 1 radiologue pour 275 000 hab. ; 125 sections communales ne disposent d’aucun établissement de santé. Selon lui, « pour agir il faut vraiment savoir. » De suite, parlant de médecine traditionnelle, Mr. Noel Maxo affirme qu’elle est un patrimoine national, propre à créer des emplois, augmenter la couverture végétale pour combattre le réchauffement climatique et sauver des vies. Il a du même coup prévenu sur les inconvénients de l’automédication.
Le programme des deux autres jours était riche et varié : don de sang et dépistage VIH, exposition de médicaments naturels et synthétiques, présentation sur les bienfaits de la pratique du sport et du yoga, discussion autour des technologies de la science médicale, prestation de l’orchestre junior Sainte Trinité… Pour clore l’événement, le lancement du projet VwaKids, un groupe musical pour l’intégration des enfants sourds, muets, aveugles et à mobilité réduite, a laissé l’auditoire ébahi par la vibration de leur dance.
Oui, ces jeunes, des exemples d’engagement citoyen, inspirent et impactent leur communauté. Il est échu à l’Etat de leur donner leur place, car comme l’a dit Nelson Mandela, cité par Monsieur Honorat « Un pays qui ne donne pas de chances à ses jeunes est un pays voué à l’échec. »
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