Le Drapeau Haitien: 217 Ans Plus Tard, Où En Sommes Nous?

1803-2020, 217 ans depuis que le bicolore haïtien existe. Comme pour beaucoup d’autres dates historiques, nous ne faisons que commémorer et/ou célébrer puis attendre l’année prochaine pour se rappeler qu’il s’agit d’un héritage et non d’un marche-pied. Peut-être que c’est un comportement qui nous caractérise en tant que peuple. Ne dit-on pas souvent que les Haïtiens ont la mémoire courte ? Tous les ans, à l’approche de cette date, des réflexions s’étalent sur le sujet, faisant ressortir des idées nouvelles auxquelles certains adhèrent et d’autres pas. Mais parlant de notre drapeau, plusieurs constats sont à remarquer :

  • Une perte de fierté 

Un drapeau est l’un des plus tangibles symboles d’une nation. Dans notre cas, c’est au prix de sang et de cendre que nos ancêtres ont dû défendre notre étendard. Aujourd’hui nous pouvons le réclamer comme le nôtre et le laisser flotter partout. Jadis, cette célébration était d’une haute importance. Dans les écoles, les bureaux, les maisons, partout on se sentait responsable de devoir marquer ce jour d’une manière que ce soit. Elle nous insufflait un sentiment de bonheur et nous donnait la force d’affronter l’avenir en étant fiers de notre passé. 

  • Des questionnements

Vous n’êtes pas sans savoir que le bicolore a subi diverses modifications, on se demande pourquoi. Est-ce parce qu’on n’arrivait pas à faire un dépassement de soi, s’oublier pour oeuvrer à l’édification d’un État et d’une société équitable ? Est-ce parce que nous sommes des éternels instables ? Le problème de la modification du drapeau ne se pose quasiment plus mais les causes ne demeurent-elles pas encore ? En a-t-on conscience ? Que fait-on pour les résoudre ?

Selon la petite histoire, Catherine Flon n’ayant plus de fils aurait cousu le drapeau avec ses propres cheveux. Ceci peut être considéré comme un sacrifice. Sacrifice que nous ne semblons pas être prêts à faire pour notre patrie. Le sens même du patriotisme semble nous échapper. Notre égoïsme l’emporte sur  le vivre ensemble.

  • Une déresponsabilisation

Nous avons cette tendance à nous déresponsabiliser, à dire tout simplement que telle ou telle affaire ne nous regarde pas au lieu de nous impliquer d’une manière ou d’une autre. Tout le monde ne peut pas être activiste, militant ou leader. Cela n’est pas une obligation non plus. Mais il est une obligation d’être et de rester conscient de notre réalité pour pouvoir être à même de l’améliorer. Rester conscient et veillatif, pour mieux faire nos choix et poser les bonnes actions au bon moment.

Nous ne sommes plus ce peuple fier, libre et indépendant. Nous sommes prisonniers de nos propres agissement et nos pensées mesquines. La célébration de la fête du drapeau devrait nous rappeler l’effort sanguinaire que nos aïeuls ont dû faire pour nous laisser en héritage la liberté. Elle devrait, par la même occasion, nous faire prendre conscience que nous devons agir autrement pour nous redorer le blason. Il est encore temps de rectifier le tir. Nos choix, notre avenir !