À Nos Tueurs D’âmes : « Nous Renaitrons De Nos Cendres ! »

J’étais jeune, oh ! très jeune. À mon âge, on rêve de folie et de passion, d’étoiles et de perles. On veut tout avoir dans la vie. On respire de vigueur et d’amour, d’humanité, d’engagement et de patriotisme. La vie est belle devant soi, auréolée d’ambition, d’amitié, de rêves, d’enchantement. Jeune comme je suis, j’avais déjà conquis le monde grâce à mes nombreux talents. J’étais poète, écrivain, chanteur, danseur, entrepreneur… J’étais un professionnel polyvalent, compétent, sérieux et honnête. Je voulais encore apprendre tant de choses. J’avais le désir de servir ma communauté, de la voir grandir. Mais hélas ! Je n’aurai pas assez vécu pour atteindre le but de ma vie. Car vous m’avez tout pris, vous m’avez assassiné !

Pourtant, j’avais confiance en vous : vous disiez que j’étais votre avenir, vous prétendiez m’aimer et tout préparer pour m’assurer un futur glorieux. Et comment ne pas vous croire ? Vous étiez pour la plupart des membres de ma famille, mes professeurs, mes dirigeants, mes voisins, mes…modèles. Je donnais le meilleur de moi chaque jour parce que je ne voulais pas vous décevoir, je désirais être digne de la confiance que vous prétendiez me faire. Pauvre de moi ! Je ne pouvais pas me douter de votre supercherie. Il a fallu un jour que je comprenne mais c’était trop tard. Vous m’aviez déjà assassiné.

Vous êtes drôlement rusés et ingénieux. Vous me pointez quotidiennement une arme sur la tête et mes frères baignent dans leur sang mais vous me faites croire en votre justice délabrée. Je vis de frayeur et d’incertitude mais vous me parlez d’un espoir perdu dans les ténèbres de votre cruauté, votre hypocrisie et votre jalousie. Vous m’invitez à prendre place à vos côtés pour occuper vos fonctions mais vous me chassez par l’immoralité de vos actes, et la pureté de mon âme vous fait rougir de colère, vous fait grincer des dents. 

Vous avez quand même réussi à empoisonner quelques-uns de mes frères de votre corruption venimeuse et vous les avez ligués contre moi. Sans oublier ceux que vous privez du droit à l’éducation, contraints de mendier ou de dépouiller leurs semblables ; ceux que vous obligez à partir très loin pour ne plus jamais y revenir, car remplis d’amertume et d’indignation, ou ne trouvant tout simplement aucune autre alternative. Vous m’avez appris à travailler ardûment  pour réussir, mais une fois parvenu, vous exigez de moi d’infâmes compromis. Quelle ironie : vous me parliez de pudeur et de décence !

Quand vous n’employez pas des artifices maléfiques pour me détruire, m’assassiné, c’est par votre langue envieuse et décourageante que vous le faites ou par vos manipulations qui me réduisent à l’état d’un zombie, sans volonté propre, acceptant tout sans jamais se plaindre. Et dire que vous avez l’audace d’évoquer dans vos discours la démocratie, l’État de droit, la justice et les droits humains. Vous êtes une honte !

Vous nous avez assassinés, moi et mes frères, vous nous avez détruits, anéantis, dénués de tout ce qui faisait notre jeunesse, notre fierté, notre humanité. Mais ne croyez pas pouvoir vous réjouir de si tôt. Viendra le jour où prendra fin le règne de votre méchanceté, votre égoïsme sadique et votre caractère sans vergogne. Ce jour-là nous ne serons plus l’avenir mais nous brillerons dans le sceptre du présent.