Le Parc National Historique-Citadelle, Sans-Souci, Ramiers : Un Trésor Universel À Préserver

Quoique étant le plus important regroupement du patrimoine historique et touristique d’Haïti, le Parc National Historique-Citadelle, Sans-Souci, Ramiers fait face aujourd’hui à de grandes menaces d’ordres divers. D’où l’importance de se pencher au plus vite sur le sort du site touristique le plus convoité du pays.

Situé à une vingtaine de kilomètres de la ville du Cap-Haïtien, à Milot, dans le Nord d’Haïti, le Parc National Historique (PNH) fait environ 25 286 hectares, s’étendant ainsi sur 4 communes(Dondon, Milot, Grande Rivière du Nord, Plaine du Nord) et traversé par plus de 4 rivières. Depuis 1982, le Parc fait partie du patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Le parc a respecté deux parmi les critères requis par l’UNESCO: 

Critère (iv) : offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine; 

Critère (vi) : être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle.

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                           La Chapelle Royale avant l’incendie

Dans l’assaut douloureux du tremblement de terre de 1842, de grandes parties du Palais Sans Souci et de la Citadelle ont été détruites sans jamais être reconstruites. Certains travaux de rénovation ont été enclenchés mais sans de grandes portées significatives. Seule la Chapelle Royale de Milot détruite elle aussi par ce tremblement de terre a été reconstruite en 1933 sous le président Sténio Vincent. Elle a aussi bénéficié de l’aménagement de son dôme par l’ISPAN (Institut Haïtien de Sauvegarde du Patrimoine National) en 2017. Mais le dernier incendie du 13 avril 2020 qui a pratiquement détruit le dôme de la Chapelle Royale vient de fragiliser davantage la magnificence du Parc National Historique.

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La Chapelle Royale après l’incendie

Le monument le plus important du Parc est la Citadelle Laferrière, construite par Henri Christophe pour protéger la nation après l’indépendance, sous ordre de Dessalines. Elle est la première oeuvre majeure construite par des esclaves noirs libres. Ce symbole de la liberté, cette construction militaire exceptionnelle a donc une valeur universelle. A 970 m d’altitude, la Citadelle est sans conteste la plus grande forteresse des Caraïbes.

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                  La Citadelle Laferrière

Non loin de la Citadelle, se trouve le site fortifié des Ramiers qui complète sa défense. Ce site est un petit plateau où l’on trouve un ensemble résidentiel appelé “Palais de la Reine” entouré de 4 redoutes fortifiées. 

Le second site le plus important du Parc National Historique est le Palais Sans-Souci. Il fut la résidence royale de Henri Christophe de 1815 jusqu’à la fin de son règne en 1820. C’est un imposant palais entouré de jardins, de bassins et de fontaines. Cette architecture complexe avec une bizarre beauté a aussi logé en son sein plusieurs édifices administratifs de la monarchie. Aujourd’hui, quoiqu’il ne soit plus que ruine et quelque peu austère, il garde encore sa beauté royale. 

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Le Palais Sans-Souci

Mis à part les phénomènes naturels (tremblement de terre de 1842, ouragans, cyclones, pluies, vents, tempêtes), d’autres encore alourdissent le danger qui plane sur le Parc National Historique. La menace est réelle. D’abord, il y a le manque d’entretien. Les édifices qui constituent ce Parc demandent une maintenance constante et prévisionnelle. Or, le coût de chaque réparation est élevé. Les sites sont donc dans un état déplorable. On constate un sérieux abandon du Parc par l’Etat. 

Devenant, depuis quelques années, une destination touristique de choix, le Parc Historique connaît du même coup une urbanisation incontrôlée. La population construit de plus en plus dans la zone, créant ainsi un effet désagréable à la beauté et l’uniformité du Parc. Il y a ensuite le déboisement qui fait aussi son ravage. Sa végétation luxuriante constitue un élément important à la beauté du Parc, or la coupe des arbres dans la région ne cesse de s’accroître. Puis, il y a aussi la pollution qui entrave sa survie. La production de déchets de toutes sortes des visiteurs du Parc est en train de causer de graves dégâts sur le site. Le faible entretien susmentionné en est aussi la cause. D’un autre côté, la sécurité du Parc est entravée. Le manque de structures d’accueil occasionne des vols d’équipements des sites et des actes de vandalisme divers. 

Tout cela concourt à dire que ce Patrimoine Mondial peut ne plus en être un s’il perd son authenticité et son intégrité. Alors que cette année le chef lieu du département longeant le Parc, la ville du Cap-Haïtien, célèbre ses 350 ans de fondation et que nous commémorons les 200 ans de la mort du Roi Bâtisseur, ce serait une occasion idéale de repenser le regard que nous portons à ce site et d’entreprendre des actions concrètes pour assurer sa pérennité.

Le Roi Henri Christophe avait déclaré du temps de son vivant: “Nous n’avons pas d’orgueil parce que nous n’avons pas de souvenirs. J’apprendrai l’orgueil à mon peuple dussé-je pour cela lui briser les reins de travail.” Le Parc Historique National-Citadelle, Sans-Souci, Ramiers est l’élément le plus significatif de l’épopée Christophienne. D’où l’orgueil qu’on prête souvent aux gens du Nord. La réhabilitation du Parc National Historique et la mise en valeur des monuments sont à prioriser pour préserver ce trésor universel.