Noël D’antan, Presqu’une Utopie
Je me souviens de ces musiques qui carillonnaient partout où l’on passait, de cette bonne odeur de pin – car chez moi y en a un vrai – qui me plongeait toujours dans une euphorie sans pareille. Je me souviens de ces guirlandes et de toutes ces lumières qui scintillaient de mille couleurs, les fanaux reproduisant de magnifiques architectures. Il y avait aussi ce petit homme qui, roulant sa bicyclette sur mon quartier tous les après-midi, vendait de la crème à la glace avec pour seule marque de publicité une seule et même chanson de noël. Je me souviens aussi des magasins richement décorés, du Père Noël souriant à l’entrée qui incitait les enfants à s’approcher pour quémander monts et merveilles, de tout ce coton étalé sur le sol pour simuler la neige, des friandises offertes sur les caisses des supermarchés, sans oublier cette banque de couleur bleue sur l’autoroute de Delmas qui s’est toujours fait remarqué par ses décorations uniques, extravagantes mais accueillantes et chaleureuses…
Dans les rues propres et colorées, la joie scintillait dans tous les regards, la fraternité semblait être le crédo de chacun. C’était le moment de poser des gestes nobles, se réconcilier avec un vieil ami, faire des surprises, décorer ensemble le sapin de noël en riant. Port-au-Prince, cette ville rayonnante où des marchands ambulants faisaient le va et vient, les bras remplis de toutes sortes de gâteries pour enfants: jouets lumineux ou musicaux, pas moyen de rentrer les mains vides. Décembre. Ce mois où tous les rêves semblaient pouvoir se réaliser, où des liens d’amitié se tissaient, occasionnés par de nombreuses sorties entre amis, où les enfants, infatigables couraient en faisant crépiter leur pluie d’étoile. Cette période magique où certains tombaient amoureux et d’autres qui profitaient de la magie de noël pour sceller leur union devant le grand Maître de l’univers.
Mais pourquoi mes souvenirs ne sont-ils pas conjugués au présent? Pourquoi suis-je incapable de retrouver ces papillons qui virevoltaient dans mon ventre autrefois? Il y a ce sentiment fort désagréable qui me sidère lorsque je pointe mon nez à l’extérieur en cette période de noël. Une sécheresse festive. C’est un Port-au-Prince à haute tension, crasseux, et gris de poussière qui salue les rares diasporas qui viennent se détendre auprès de leur famille – si détente il y avait! – Car il ne faut pas oublier que depuis quelques années, la monotonie s’est confortablement installée sur le fauteuil de décembre, donnant à la majorité un goût aigre comme saveur.
Tout le monde a peur de tout le monde, fraternité et amour jouent à cache-cache pendant que le Père Noel semble avoir pris sa retraite en Haiti laissant les enfants au comble de leur désespoir. Je pense que le comportement des adultes joue un grand rôle dans la décision du bonhomme à la hotte de venir ou pas. Et Haïti accuse… Oups pardon, les haïtiens accusent d’un sérieux problème de gentillesse. De plus, toutes nos valeurs semblent s’effriter, plus rien ne paraît avoir de l’importance, pas même noël où la magie se révélait réelle autrefois. Le paradis terrestre n’est plus et a fait place à la débauche politique, aux crimes organisés, à la violence sans bornes mais aussi et surtout à un blackout total sur l’avenir des petits qui au berceau, se contenteront de la magie noire d’un monde criminel fermé sur lui-même.
Je me souviens des cadeaux que je retrouvais sous mon arbre de noël au petit matin à mon réveil, des sorties en famille que mon père nous offrait dans la soirée du 24, des tonnes de sucreries qu’il m’était permis de savourer à cette seule période de l’année, la messe de minuit qu’il m’était interdite de rater. Dans mon souvenir demeure encore l’échange des cadeaux entre amis, mes grands-parents me racontant leur noël d’antan, les pétards qui, à chaque fois, scandalisaient les quartiers et rappelaient sans cesse qu’il s’agissait d’une période de festivité.
Hélas, ce temps est révolu et ne reviendra peut-être pas assez tôt pour que j’en sois témoin. Mais un jour viendra où la prophétie s’accomplira et Haïti sera la lumière de toutes les nations. Noël alors renaitra de la sacoche de Santa Claus.
All well said!!! 💯💯
I want to congratulate you on your superb article. You are asking people to walk with technology and to open up to others more than ever. That’s great, but how do you introduce the marginalized into this world you describe?
Thanks Jennifer and deep question by the way!
There’s room for everyone inspired to be a businessperson or a risk taker. Eventually the process is not the same for everyone and my work so far focused on what many of us (internet and social media users) don’t see through the media we use and what we could benefit from them if we wear our ”opportunity glasses”.
Hope it helps